mercredi 7 février 2018


Je pourrais passer des heures à écrire. Des ci et des ça. 
Je pourrais vous raconter une nouvelle histoire faite comme ça, à l'ombre de l'imaginaire. 
Je pourrais aussi vous dire ce qui va sans dire. On dit que ça va toujours mieux en le disant. Alors, je pourrais facilement vous dire des choses, et puis d'autres, et encore d'autres. 
Je pourrais sous vos yeux faire tomber les barrières, dévoiler les masques et enlever les voiles qui se dresse au gré du temps. 
Tiens je pourrais vous écrire l'automne : les feuilles rouges des arbres, le son de la pluie, le vent qui souffle. 
Je pourrais rester là comme ça, à vous dire beaucoup de choses mais pas beaucoup finalement. Oui, rester comme ça, la larme à l'oeil, l'arbre en ligne de mire, l'arbre à l'oeil, si je puis dire. 
Je pourrais vivre de sous-entendus, évoquer les choses du passé, les souvenirs. Ce serait juste pour noyer le loup en surface. 
Je pourrais laisser planer le doute sur mes intentions, tiens. Il y a des tas de choses que je n'ai pas encore expérimenté. 
Je pourrais m'accrocher aux branches de l'arbre sans vraiment aller au fond des choses qui me garde en vie. 
Je pourrais laisser plier les branches et retenir des mots durs. 
Je pourrais juste laisser passer le temps sans vraiment dire la brûlure qu'il étouffe. 
Je pourrais laisser passer beaucoup de choses, de blessures, de mensonges, de plaies béantes, de douleurs incessantes. Laisser passer le train de la vie sans crier gare, sans vraiment dire les choses. 
Je pourrais continuer à polir la surface, à se faire beau, à se faire belle, à s'y faire. Ou croire qu'on s'y fait, les deux. 
Je pourrais ainsi laisser comme ça tout un tas de choses m'envahir sans me dire envahi par quelque chose. Juste, en me souvenant de l'arbre au coin de l'oeil, l'arbre qui perds ses feuilles d'automne, qui résiste au vent, aux orages, aux tempêtes. 

Mais qui dit automne prévoit l'hiver. Qui laisse craquer ses branches rêve de voir grandir de nouvelles racines, puis de voir pousser de nouveaux bourgeons. Quelque soit sa vie, l'arbre à son histoire. 

Je pourrais comme ça garder l'arbre à porter de main, et me dire que je pourrais me dévoiler un peu plus en ayant l'arbre à l'oeil.              Ou alors...


Je pourrais gratter la terre avec mes doigts. Fouiller l'inépuisable source de vie qu'il y a tout autour de l'arbre jusqu'à ce que mes ongles prennent racine. 
Je pourrais essayer de comprendre, d'entendre tout ce qu'il a fallu taire. 
Je pourrais comme ça savoir ce qui se cache aux alentours, les loups, les vipères. Derrière ces histoires sans paroles, ces images souvenirs. 
Je pourrais gratter pour puiser, puisser au fond les blessures ouvertes à jamais dans la terre, dans mes racines. (puiser au fond des “j'aimais”). 
Je pourrais retrouver nos nous, nos jeux, nos autres mêmes, va savoir. 
Je pourrais sous le soleil, sous la pluie, la neige et le vent, savoir qui je suis, finalement. Ce serait comme le bouquet final, la lumière au bout du tunnel que l'on garde de voir arriver jour après jour. 
Alors je pourrais gratter sans fin avec soif de vie, avec l'envie de savoir, de connaitre, de me rappeller, de retracer de nouvelles lignes. Des lignes de vie aux fils rouges, rouges sang forcément. 
Je pourrais remonter à la source de toutes ces choses que l'on transporte et qui font, et oui, partie de nous. 
Mais si par malheur je confondais source et racine, si je confondais douleur et transformation, rire et larme, je pourrais tout confondre si je ne prends pas soin de rester à la surface des choses. 
Je pourrais tomber sur une mauvaise mine en cherchant à gratter plus fort. 
Je ne sais pas si je pourrais vivre en même temps, ce que je vois, ce que j'entends. Parce que ce qui se dit à la surface est souvent différent de ce qui se cache derrière chaque ombre, chaque arbre et chaque histoire. 
Mes jours et mes nuits, je pourrais les écrire pendant des heures comme ça. 
Et je pourrais avoir le choix entre rester à la surface ou gratter plus bas. 
Je pourrais admirer l'ombre ou alors découvrir ce qu'elle dissimule. 
Je pourrais écrire longtemps sur tout ça, des jours, des mois, des années mêmes. 
Je pourrais écrire pendant des heures, des heurts avec moi-même, avec ma vie, avec ma propre histoire. 
Je pourrais être heureuse comme ça.